Associations : dématérialisation des marchés publics

Marchés publics

En mars 2018, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) rendait public un rapport intitulé : « Commande publique responsable : un levier insuffisamment exploité ». Un titre qui semblait s’adresser directement aux associations ! Aux yeux du CESE, le volume de la commande publique et la masse financière qu’elle représente, quasiment 200 milliards d’euros annuels, soit environ 10 % du PIB, en font un levier d’action important pour impulser à grande échelle de nouveaux modes de consommation, plus responsables. Face à cette évolution sociétale majeure, les associations ont des atouts à mettre en valeur, leur action s’inscrivant le plus souvent dans le sens de l’intérêt général. D’autant, que comme le rappelle toujours le CESE il y a des marges de progression importantes à faire. Ainsi, les objectifs du Plan national d’action pour les achats publics durables (PNAAPD) élaboré pour la période 2014-2020 sont loin d’être atteints, y compris pour ce qui relève des obligations légales. Exemple : si les acheteurs dont le volume annuel de marchés publics atteint 100 millions d’euros HT (soit presque toutes les régions, une soixantaine de départements et une dizaine de communes) sont tenus d’adopter et de publier un schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), aujourd’hui moins de 7 % d’entre eux l’ont fait. C’est dire que les associations ont tout intérêt à se positionner comme des « fournisseurs responsables » et à répondre aux marchés publics. Faut-il encore qu’elles sachent le faire et maîtrisent les outils numériques pour cela puisque désormais la dématérialisation des marchés publics est obligatoire. Nous consa-crons notre dossier à cette question très tech-nique/nbsp]et pourtant stratégique.

La dématérialisation des marchés publics

La dématérialisation des procédures est obligatoire pour tous les achats publics supérieurs à 25 000 euros. Une association souhaitant répondre à un marché public de ce type doit s’y préparer. 

La dématérialisation consiste notamment pour les acheteurs publics à mettre en ligne les dossiers de consultation de leurs marchés et à recevoir les offres des associations de cette même manière. Tous les échanges doivent se faire uniquement par voie électronique via un profil acheteur, y compris la notification des décisions.

 

OBJECTIFS

La transformation numérique de la commande publique s’articule autour de quatre objectifs majeurs. Il s’agit de développer les échanges et traitement d’information tout au long de la vie d’un contrat, de simplifier les usages et diminuer la charge administrative grâce au numérique, d’archiver électroniquement les documents, et de renforcer la transparence de la commande publique. À cette fin, un certain nombre de données considérées essentielles doivent obligatoirement être publiées (articles L. 2196-2 et L. 3131-1 du Code de la commande publique). Au nombre de 16, ces informations concernent à la fois l’acheteur et le marché.

 

CREER VOTRE COMPTE

Le profil d’acheteur est la clé de voûte de la dématérialisation. Vous devez vous rendre sur le profil de l’acheteur public pour y créer votre compte personnel. C’est là que vous déposerez votre dossier de candidature avant la date limite. La sécurité et l’intégrité des échanges sont garanties par horodatage et la traçabilité des échanges est assurée. 

 

VERIFIER VOTRE CONFIGURATION TECHNIQUE

Une configuration minimale de votre poste de travail (système d’exploitation, navigateurs internet, pare-feu, logiciels utilisables comme par exemple Java ou les antivirus, etc.) est nécessaire pour pouvoir utiliser le profil d’acheteur. Les systèmes d’exploitation et les navigateurs internet les plus communément disponibles sont utilisables (Microsoft Windows, Apple Mac OS, Linux). Mais comme les prérequis techniques diffèrent d’un profil à un autre, il convient de vérifier ceux du profil d’acheteur sur lequel vous allez déposer votre pli. Ne le faites pas à la dernière minute, car vous devrez sûrement installer des logiciels spécifiques, notamment Java (mis gratuitement à votre disposition) avant de pouvoir télécharger les documents de la consultation.

 

SIMPLIFIER VOTRE CANDIDATURE AVEC LA DUME

Le formulaire électronique appelé DUME (document unique de marché européen) est une déclaration sur l’honneur de la compétence, de la situation financière et de la capacité d’une association à candidater à un marché public. Ce document permet de simplifier vos démarches concernant les pièces justificatives à transmettre et de gagner du temps avec le pré-remplissage automatique des critères de sélection. Il peut vous être proposé par l’acheteur ou vous pouvez choisir vous-même d’en utiliser un, l’acheteur étant obligé de l’accepter. Il est accessible soit directement sur le profil de l’acheteur, soit via le ser-vice DUME. Après le dépôt de votre offre, vous recevrez un accusé de réception comprenant : l’identification de l’entreprise auteur du dépôt ; le nom de l’acheteur ; l’intitulé et l’objet de la consultation concernée ; la date et l’heure de la réception des documents ; la liste détaillée des documents transmis. 

 

SIGNER ELECTRONIQUEMENT

La signature électronique, nominative et délivrée à une seule personne physique, est un moyen de garantir l’intégrité des documents. Il n’est plus obligatoire que les documents de candidature soient ainsi signés sauf si l’acheteur l’exige dans son règlement de consultation (Arrêté du 22 mars 2019 relatif à la signature électronique des contrats de la commande publique). Par contre, une fois le marché acquis, le contrat définitif devra être signé électroniquement. La réalisation d’une signature électronique nécessite d’avoir au préalable obtenu un certificat de signature auprès d’une autorité compétente, conforme au règlement eIDAS (Règlement sur l’identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques au sein du marché inté-rieur qui est entré en vigueur le 23 juillet 2014). Pour vous le procurer, vous pouvez aller sur le site de l’entreprise LSTI, chargée par l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) de re-censer les prestataires de service de confiance conformes. Comptez un délai de 8 à 15 jours pour obtenir votre certificat de signature. Le coût annuel d’un certificat varie entre 80 et 300 euros HT selon sa durée de validité (de 1 à 3 ans selon l’abonnement choisi) et ses modalités de délivrance. 

 

LA FACTURE ELECTRONIQUE, UNE OBLIGATION D'ICI 2020

L’obligation de facturation électronique (Ordonnance n° 2014-697 du 26 juin 2014) est progressivement entrée en vigueur et s’imposera aux petites associations de moins de 10 salariés dès le 1er janvier 2020. L’agence pour l’informatique financière de l’État (L’AIFE) a mis en place le portail Chorus Pro, point d’entrée unique et gratuit pour le traitement des factures électroniques. Vous devrez y créer un compte pour répondre à cette obligation. 

 

QUAND UNE ASSOCIATION DOIT SUIVRE LES MÊMES REGLES

Le Code de la commande publique entré en vigueur le 1er avril 2019 s’applique aux pouvoirs adjudicateurs ce qui signifie évidemment les acheteurs publics mais également les personnes morales de droit privé où se retrouvent plus d’associations et fondations qu’on ne le croit. Tel que le définit l’article L. 1211-1 de ce code, en relèvent « les personnes morales de droit privé qui ont été créées pour satisfaire spécifiquement des besoins d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial, dont : soit l’activité est financée majoritairement par un pouvoir adjudicateur ; soit la gestion est soumise à un contrôle par un pouvoir adjudicateur ; soit l’organe d’administration, de direction ou de surveillance est composée de membres dont plus de la moitié est désignée par un pouvoir adjudicateur ». De même, sont soumises à ce code des associations ou fondations qui ne sont pas des pouvoirs adjudicateurs, dans le cadre de certains contrats subventionnés à plus de 50 % par un pouvoir adjudicateur (activités de génie civil ou de construction relatifs aux hôpitaux, équipements sportifs ou récréatifs notamment) (art. L. 2100-2).

 

Le compte d'emploi ressources obligatoire à partir de 153 000 euros

 

Le décret n° 2019-504 du 22 mai 2019 vient de fixer à 153 000 euros le seuil de l’obligation de déclaration préalable ainsi que celui d’établissement obligatoire du compte d’emploi des ressources (CER) pour les organismes faisant appel à la générosité publique. C’est une clarification pour les petites associations qui en sont donc dispensées dès lors qu’elles sont en dessous de ce seuil.

 

UN DECRET ATTENDU

Depuis la loi n° 91-772 du 7 août 1991 « tout organisme ayant fait appel public à la générosité au sens de la présente loi établit un compte d’emploi annuel des ressources collectées auprès du public, qui précise notamment l’affectation des dons par type de dépenses, lorsque le montant des dons, constatés à la clôture de l’exercice, excède un seuil fixé par décret ». Par ailleurs, les organismes qui collectent des dons pour certaines causes par appel public à la générosité sont tenus de déposer une déclaration préalable lorsque le montant des dons collectés par cette voie au cours de l’un des deux exercices précédents ou de l’exercice en cours excède un seuil fixé par décret. Problème : jamais le décret annoncé n’était jusqu’alors paru.

 

FLOU JURIDIQUE

D’où une situation juridiquement floue... En l’absence du décret, depuis l’ordonnance 2015-904 du 23 juillet 2015 portant simplification du régime des associations, la commission des études juridiques de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (Réponse du CNCC, EJ 2016-66, février 2018) avait précisé que dès lors que ce seuil n’a pas fait l’objet d’un décret d’application de l’ordonnance, le CER n’a pas à être établi, car cette obligation n’est juridiquement pas entrée en vigueur. Les experts-comptables et commissaires aux comptes recommandaient cependant de l’établir dès lors que les dons collectés par appel public à la générosité étaient significatifs.

 

DATES BUTOIRS

Le décret du 22 mai 2019 vient enfin de fixer ce seuil au niveau du seuil de référence des obligations comptables des associations, soit actuellement 153 000 euros. Le seuil de déclaration préalable s’apprécie au titre des exercices comptables ouverts à compter du 1er juin 2019 et au cours de l’un des deux exercices précédents. Quant au seuil à partir duquel un organisme est tenu d’établir un compte d’emploi des ressources, il est applicable aux exercices clos à partir du 1er juin 2020 ou, volontairement par anticipation, clos à une date antérieure. Rappelons que le nouveau règlement comptable 2018-06 de l’ANC (le nouveau plan comptable associatif) prévoit un modèle de compte d’emploi annuel des ressources collectées auprès du public conforme à la loi 91-772 du 7 août 1991 (ANC, règlt 2018-06, art. 432-17 à 432-21, pages 32 à 35). Un arrêté vient du reste d’abroger l’arrêté du 30 juillet 1993 qui fixait l’ancien modèle. 

Brèves 

Plus de moyens et de bénéficiaires pour les emplois francs

Le dispositif « emploi franc » est une aide à l’embauche de 5 000 euros par an sur 3 ans maximum pour un CDI et de 2 500 euros sur deux ans maximum pour un CDD, réservée à certains quartiers prioritaires de la politique de la Ville.  Il est dorénavant doté de 50 millions d’euros supplémentaires et élargi à 738 quartiers auparavant exclus : ceux des Hauts-de-France, de l’Île-de-France, des Ardennes, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, de la Haute-Garonne, du Maine-et-Loire ainsi qu’aux départements et régions d’Outre-mer. En outre, ces derniers peuvent cumuler ce dispositif avec celui « zéro charge sociale ». 

Ministère du Travail : https://bit.ly/2zpoj2X

 

Obligation de communiquer le plan de gestion des dons alimentaires

À partir du 1er janvier 2020, les commerces de détail soumis à l’obligation de dons alimentaires sont  tenus de mettre en place un plan de gestion de la qualité de ces dons. Ils doivent ainsi mettre en œuvre un plan de sensibilisation du personnel à la lutte contre le gaspillage et au don de denrées alimentaires, un plan de formation des personnels chargés des opérations et préciser les conditions d’organisation du don en lui-même. De plus, ils doivent communiquer ce plan de gestion  à l’association qui reçoit le don.

Décret n° 2019-302 du 11 avril 2019 https://bit.ly/2LFB8yw

 

Recentrage des missions sport, jeunesse et vie associative
La circulaire du 12 juin 2019 vise notamment à réorganiser le réseau déconcentré de l’État. Les équipes départementales en charge de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative sont désormais placées dans les directions des services départementaux de l’éducation nationale tout en restant sous l’autorité du préfet de département. De plus, un délégué académique à la jeunesse, à l’éducation populaire, à la vie associative et au sport va être placé auprès du recteur de région académique et animera le réseau des équipes régionales et départementales chargées de ces missions.

Circulaire du 12 juin 2019 relative à la mise en œuvre de la réforme de l’organisation territoriale de l’État https://bit.ly/2Xc3ZLu


Laïcité dans le sport
Pour que tous les acteurs du sport se familiarisent avec les questions relatives à la laïcité et à la gestion des faits religieux, le ministère des Sports vient d’éditer un guide de 64 pages disponible gratuitement en ligne.

Laïcité et fait religieux dans le champ du sport « Mieux vivre ensemble » https://bit.ly/2RPr8Cq

 

Dons des entreprises : déclaration électronique obligatoire

La déclaration par voie électronique des informations relatives aux dons et versements effectués par une entreprise à une association pour un montant de plus de 10 000 euros est obligatoire pour ouvrir droit à réduction d’impôt. Un décret vient de préciser les modalités de transmission à l’administration fiscale de ces informations. Ce décret est entré en vigueur dès le 30 mai 2019. 

Décret n° 2019-531 du 27 mai 2019 https://bit.ly/325sopC

 

Règlement des fédérations sportives : en ligne dès le 1er janvier 2018

L’ordonnance n° 2019-700 du 3 juillet 2019 relative aux entrepreneurs de spectacles vivants apporte une modification substantielle à la réglementation en vigueur en remplaçant à partir du 1er octobre 2019, la licence d’entrepreneur de spectacles par une simple déclaration. « Toutefois, l’autorité adminis-trative compétente peut s’opposer à cette délivrance lorsque les conditions pour exercer l’activité d’entrepreneur de spectacles vivants ne sont pas remplies. » Elle précise également que les personnes morales pourront exercer l’activité d’entrepreneur de spectacles vivants.  

Ordonnance n° 2019-700 du 3 juillet 2019 https://bit.ly/2ZFnzSt

 

Lettre d'information "France Défi Associations" - Août/Septembre 2019